"L’Association des Français de Berlin est née le 15 mars 1982 de la volonté de Français résidant à Berlin, issus de toutes les composantes de la communauté française de cette ville (membres du gouvernement militaire de Berlin, enseignants, employés de l’économie berlinoise, coopérants,...), d’affirmer la présence de la gauche française à l’étranger."
(publication non signée du Bureau de la section)
Ses présidents et présidentes successifs sont Alain Lafarge (directeur du Collège français, französisches Gymnasium) 1982-1984, Sylvain Itté 1984-1987, Alfred Prédhumeau 1987- 1990, Pierre Avédikian 1990-1994, Jacqueline Deloffre 1994-2000, Philippe Loiseau 2000- 2009, Denis Combe-Chastel 2009-2012, Natacha Boroukhoff 2012-2017 et Guillaume Imbert depuis 2017, entouré(e)s d’un Bureau et d’un Conseil d’administration.
Dès sa création, l’ADFB (c’est son abréviation courante) prend ses marques dans le contexte local d’alors : Berlin-Ouest, une ville coupée en deux et marquée par la présence forte du Gouvernement Militaire français de Berlin (GMFB) qui règne en maître dans son secteur (arrondissements de Wedding & Reinickendorf), avec, de plus, pas mal d’hostilité de la part de l’association de Français préexistante, apolitique... et proche du RPR, l’UFE, et de son délégué élu au Conseil Supérieur des Français de l’Étranger (CSFE), ancêtre de l’Assemblée des Français de l’Étranger (AFE). Il faut préciser que l’Association Démocratique des Français à l’Étranger (ADFE), maison-mère de l’ADFB, reconnue d’utilité publique, s’est créée en France en 1980 autour de proches de François Mitterrand qui, avant l’élection de ce dernier à la présidence de la République, ont encouragé les Français de l’étranger à se mobiliser pour leurs idéaux humanistes face aux réseaux de notables établis de longue date (UFE, chambres consulaires économiques, regroupements corporatistes...). Les adhérents de l’ADFB se définissent comme "les artisans du rayonnement culturel". Les Français de l’étranger représentent déjà un enjeu politique et électoral... et, dans bien des pays, leurs associations reconnues d’utilité publique sont les seules structures juridiques plus ou moins politisées ayant droit de cité. Elles ont statutairement vocation à assurer la représentation des Français établis hors de France auprès des autorités diplomatiques et consulaires.
À Berlin, les échanges aigre-doux sont donc légion entre associations françaises, y compris quand il s’agit dans ces années 80 de faire ouvrir des "activités d’éveil à l’apprentissage du français pour les enfants bilingues", initiées par des enseignants et des parents. Une réflexion commune prend cependant forme dès 1982 au sein d’une commission ad hoc (ADFB, UFE, Fraternité) sous l’égide du consulat, mais il sera difficile d’éviter les récupérations politiques. Tous les murs ne sont pas encore tombés ! L’ADFB souhaite, de plus, fonder un jardin d’enfants franco-allemand. Quel culot ! Quelle outrecuidance !! C’est depuis la fin des années 2000 seulement que les relations inter-associatives se sont doucement améliorées, du fait de la fin du statut militaire de Berlin, de l’arrivée massive de nouveaux publics, et du travail de partenariats et d’échanges engagés par la section, avec souvent le soutien de l’ambassade. Mais qui a vécu ces 20 années dans la communauté française de Berlin peut témoigner du climat de guerre froide qui prévalait, voire de ses échauffements franco-français.
Lieu d’escarmouches et de titillements multiples, le bulletin d’information de la section ADFB, le Trait d’Union, est lancé en 1983. Après quelques interruptions, il reparait en 1996 jusqu’à son abandon en 2015 (115 numéros en 19 ans). Ce bulletin était la seule parution associative francophone régulière à Berlin et a mobilisé, pour partie avant l’heure numérique, de nombreuses équipes. Il a permis la communication externe de l’association avec des rubriques informatives, politiques, culturelles, des invitations, des billets d’humeur,... Le Trait d’Union titillera encore longtemps, y compris parfois les sphères diplomatiques, preuve qu’il était bien lu et qu’il était libre. Au-delà de la rédaction de ce bimestriel de quatre, six ou huit pages, la représentation assidue dans les réunions consulaires pour les affaires sociales, l’emploi, les bourses scolaires, la défense des droits politiques de nos compatriotes hors de France, l’accueil de nos sénateurs de passage, les galettes républicaines, la semaine de la francophonie, le Beaujolais Nouveau, la mémorable Stammtisch mensuelle, des visites d’expositions, des débats, des sorties, des fêtes du 14 juillet, des soirées chanson française, les cérémonies mémorielles, la promotion des petits commerçants et artistes français/francophones de Berlin, et le soutien au développement de l’enseignement bilingue sont au programme.
Bien impliquée sur le terrain citoyen et sans complexes, l’association présente des candidats aux élections du Conseil Supérieur des Français de l’Étranger – quand la désignation de ses représentants devient enfin démocratique, au suffrage universel direct, en 1982. Candidats jamais élus... Ces élections se tiennent dans le cadre du scrutin majoritaire uninominal à un tour car il n’y a pour Berlin et les "nouveaux Länder" qu’un seul siège à pourvoir, jusqu’à une réforme de la représentation politique des Français de l’étranger en 2004 (Yalta, c’est fini !) qui fait passer Berlin dans la vaste circonscription "Allemagne de l’Ouest" (en langage de Berlinois...) avec les consulats de Francfort, Düsseldorf et Mayence. Mais les scores de la gauche s’améliorent de scrutin en scrutin tandis que ceux de la droite s’étiolent. À l’élection AFE partielle de 2007 où quatre sièges sont à pourvoir, le sortant UFE est battu, deux candidats ADFE sont réélus conseillers à l’Assemblée des Français de l’Étranger, mais ils représentent surtout l’Ouest de l’Allemagne. Il faut attendre 2009 pour qu’un membre de l’ADFE de Berlin rejoigne l’AFE. En 2014, nouveau contexte encore avec la création de la circonscription d’Allemagne du Nord, avec Hambourg, la Basse-Saxe, etc. La liste de gauche avec des adhérents de Français du monde-adfe remporte quatre sièges sur six (trois sièges de conseillers consulaires et le siège de délégué sénatorial). Les conseillers et les délégués élisent les sénateurs des Français établis hors de France au suffrage universel indirect.
Constituée en droit allemand (eingetragener Verein) en décembre 1998 la section ADFE- Berlin-Brandebourg e.V. n’a cessé de promouvoir ses idéaux d’égalité, de démocratie, de protection de la planète et de partage. Elle se reconnait pleinement dans l’amitié franco- allemande et la construction européenne mais reste critique sur les erreurs et dérives politiques de l’UE et a d’ailleurs une approche..."plurielle" du référendum de 2005 sur la constitution européenne. Elle toilette quelque peu ses statuts en 2010 en devenant Français du monde-adfe (comme au niveau national) avec l’ajout Berlin-nouveaux Länder. La section est également à l’origine de la Journée des associations, initiée par une rencontre conviviale à l’ambassade des responsables associatifs de la circonscription en novembre 2009, qui prend de l’ampleur par la suite, avec le soutien de l’Institut français. Elle assure seule cette organisation et la coordination jusqu’en 2018 quand d’autres associations s’engagent et boostent considérablement ce temps d’échanges de la communauté francophone.
Soutenue par le Bureau national (à Paris) qui inspire et unifie la grande famille des Français- es du monde et les sections sur tous les continents, celle de Berlin se dote d’un site internet en mai 2008, site qui a plusieurs fois fait l’objet de refontes, la dernière datant de janvier 2021. Même dans un monde numérique, les adhérents de Français du monde-adfe n’ont rien de virtuel, ce sont des gens vrais ! On peut dire que plusieurs générations se sont succédé au sein de cette association berlinoise, ce qui est bien naturel au fil du temps. Les prémices peuvent sembler lointaines, elles sont surtout, au-delà de l’engagement bénévole fondateur et constant, le reflet d’une époque différente pour nous en Allemagne. Certains indicateurs, certaines pratiques ont pu changer car le monde change, cependant les valeurs de l’association demeurent et font sa grande richesse. L’association Français du monde-adfe aurait fêté ses 40 ans en 2020 si la pandémie de covid-19 n’en avait pas décidé autrement, nous privant d’une assemblée générale festive à Paris à la fin de l’été.
Pour la section de Français du monde-adfe Berlin-nouveaux Länder, par contre, le jubilé approche.
PL2021